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Abdelhamid Hadouch LIBREXPRESSION
13 juillet 2008

Le défi de Nicolas Sarkozy

 

FRANCE24

Union pour la Méditerranée

Le défi de Nicolas Sarkozy

Vendredi 11 juillet 2008

Le président Nicolas Sarkozy copréside avec son homologue égyptien Hosni Moubarak le sommet de Paris pour la Méditerranée dimanche 13 juillet à Paris.

C’est en février 2007, alors qu’il est candidat à l’élection présidentielle, que Nicolas Sarkozy propose la mise en place d’une nouvelle entité économique et politique appelée "Union de la Méditerranée". Dans son esprit, ce regroupement intégrerait plusieurs Etats de la rive Sud et les pays européens riverains de la Méditerranéen.

Or, tel que décliné, le projet initial n’a pas emballé la chancelière allemande Angela Merkel. Cette dernière reproche à Sarkozy de vouloir mettre en place une dynamique politique méridionale concurrente de l'Union européenne (UE).

De "l’Union de la Méditerranée" à "l’Union pour la Méditerranée"

Craignant d’être exclue et de voir son influence sur l’Europe décroître, l’Allemagne demande à Nicolas Sarkozy de revoir sa copie. Elle exige de Paris que l'ensemble des États de l'UE soient des membres à part entière dans le projet (39 pays au total) et que la Commission européenne soit le moteur du dispositif. Ainsi, en l’espace de quelques réunions, on est passé de "l’Union de la Méditerranée" à "l’Union pour la Méditerranée". Un glissement sémantique lourd de sens selon Borhan Ghalioun, professeur de sociologie politique à la Sorbonne Nouvelle. "Le nouveau projet tel qu’il a été finalement présenté, après les retouches apportées par Angela Merkel et la Commission européenne, n’est plus ni moins qu’un Processus de Barcelone amélioré", relève-t-il.

Concernant le volet économique, Ghalioun juge que les ambitions de l’UPM ne sont pas à la mesure des aspirations des peuples qui la composent. "On ne peut pas résumer l’Union de la Méditerranée à quelques projets techniques et disparates, comme la lutte contre la pollution ou la construction d’une autoroute intermaghrébine…".  Il reconnaît par ailleurs que la France a commis une erreur stratégique en ayant conçu le projet de l’UPM d’une façon unilatérale, sans consulter ses partenaires européens.

Le Maghreb globalement favorable à l’UPM

Les pays du Maghreb ont réservé un accueil favorable à l’initiative de Nicolas Sarkozy. Le Maroc y voit beaucoup d’avantages, à la fois politiques et économiques. Selon le président de l'Institut marocain des relations internationales (IMRI) Jawad Kerdoudi, qui publie une tribune dans la revue française "Etudes géopolitiques", le Maroc "souhaiterait que l'UPM puisse, sur le plan politique, jouer un rôle actif dans la résolution du conflit israélo-palestinien, et du différend maroco-algérien concernant la question du Sahara marocain". Sur le plan économique, "l'apport (de l’UPM) serait très apprécié tout d'abord sur le plan de l'aide financière", ajoute-t-il.

La Tunisie, qui a toutes les chances d’hériter du siège du secrétariat général, a dès le départ appuyé l’idée française. L’Algérie, après avoir entretenu délibérément le suspens, a finalement annoncé, par la voix de Nicolas Sarkozy, sa participation.  Seule la Libye a laissé éclater sa vindicte contre le projet. Mouamar Kadhafi l’a qualifié "de sorte d’humiliation". Il a déclaré : "Nous ne sommes ni des affamés ni des chiens pour qu’ils nous jettent des os".


"Le casse-tête turc"

Participera, participera pas ? La venue du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan est l’une des énigmes que Paris n’a pas réussi encore à élucider. Engagée depuis 2005 dans des négociations d’adhésion avec l’Union européenne, la Turquie voit dans l’UPM un effort par la France pour lui fermer les portes de l’Europe.

Hasni Abidi, directeur du centre d’étude et de recherche sur le monde arabe et la Méditerranée à Genève note en effet : "La Turquie ne se contentera jamais de cette voie de garage au détriment d’un véritable siège au sein de l’Union européenne".   

Même si le président Sarkozy a réussi à faire venir près de 30 chefs d’Etat et asseoir côte-à-côte Bachar Al-Assad et Ehud Olmert, pour Didier Peillon, directeur adjoint de l’Institut français des relations internationales et stratégique (IRIS), cela n’est pas synonyme de succès. "L’UPM ne peut pas aller au-delà des ambitions affichées par le processus de Barcelone à cause notamment du conflit israélo-palestinien et des problèmes existant entre les pays du Maghreb eux-mêmes*. Le seul aspect positif de ce sommet, c’est qu’il a réactivé le débat sur la Méditerranée".

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